Assumant et amplifiant le budget de rigueur Barnier (dont le destin est désormais connu), la présidente de droite de la région des Pays de la Loire, Christelle Morançais a surpris son monde avec une violence qu’on ne connaissait pas à la droite républicaine régionale. Vitupérant un pays « shooté » à la dépense publique, elle sort la tronçonneuse et sacrifie des pans entiers de ses politiques publiques : Suppressions de postes par dizaines dans son administration, abandon quasi-total du soutien à la culture, au monde associatif, aux solidarités, à l’Égalité Femmes-Hommes. Comme une lettre de licenciement au pays des patrons voyous, les structures concernées reçoivent sans concertation préalable pour le plus grand nombre un courrier indiquant que la région renonce à « la plupart de ses partenariats ».

Quant au monde de la culture, il est livré à la vindicte d’une présidente de région agressant des « associations très politisées », bénéficiant d’un « monopole intouchable » au profit d’un système en « crise permanente ».

Elle se trompe bien sûr, sur les acteurs culturels, leurs publics, le rôle et la place de la culture dans toute société démocratique. Elle tourne le dos à ce qui a pu fonder avant nous le pacte social républicain. C’est le CNR dans son programme, « Les Jours Heureux », qui promettait à tous les enfants de France l’accès à « la culture la plus développée ». Ce sont Malraux, Lang, Ralite, bien d’autres encore parmi lesquels des municipalités communistes pionnières, construisant patiemment la décentralisation culturelle comme terreau de l’émancipation individuelle et de la société commune.

Je laisse les mots de la fin à notre regretté camarade Jack Ralite pour qui le combat pour la culture a été un engagement total et définitif :

« On nous répond : c’est la crise. La crise ne rend pas la culture moins nécessaire, elle la rend au contraire plus indispensable. La culture n’est pas un luxe, dont en période de disette il faudrait se débarrasser, la culture c’est l’avenir, le redressement, l’instrument de l’émancipation. C’est aussi le meilleur antidote à tous les racismes, antisémitismes, communautarismes et autres pensées régressives sur l’homme.(…) Ne tolérons plus que l’esprit des affaires l’emporte sur les affaires de l’esprit. »

L’immense mobilisation en Pays de la Loire, devenue nationale, est là pour dire que les affaires de l’esprit peuvent surgir et emporter le débat politique. Suffisamment pour l’emporter sur l’esprit des affaires ? La suite reste à écrire à des milliers de mains !