Les agents de la centrale électrique de Cordemais, mais aussi les élus du département et la population locale, ne décolèrent pas depuis la décision d’EDF d’abandonner le projet Ecocombust 2. Après neuf ans de lutte pour proposer une conversion de la centrale, neuf ans pour  réussir les tests  de viabilité technique, neuf ans pour sortir de la combustion charbon et pour remplacer celui-ci par la biomasse issue de déchets bois de catégorie B, EDF et l’État, son unique actionnaire, font marche arrière toute. Pour les agents et les salariés, « c’est un coup de force, la situation est incompréhensible, inconcevable… ».

Pour Fabien Descamps du syndicat CGT : « Quel affront, quel mépris, quelle injure fait EDF à tout le territoire… ».  Les mots ne manquent pas pour qualifier la colère, la douche froide reçue par les travailleurs de cet outil énergétique qui tournait la page d’une activité trop polluante, pour en ouvrir une nouvelle résolument tournée vers la transition écologique.

Les promesses de la direction de maintenir une activité industrielle sur le site, d’y fabriquer des tuyaux pour les centrales nucléaires EPR2 n’y changeront rien, la fureur prédomine légitimement ! D’abord parce qu’à Cordemais les engagements d’EDF, de l’État par la voix même du Président de la République, n’ont pas été respectés ; Ensuite parce que le projet industriel, en partenariat avec le groupe Paprec pour la production de pellets issus de la valorisation des déchets bois de classe B, répond aux enjeux énergétiques et écologiques ; De plus, il garantit la sécurité du réseau électrique et l’avenir de l’approvisionnement énergétique du Grand Ouest ; Enfin, parce que 1000 emplois locaux directs et indirects sont concernés et l’hypothèse de l’installation d’une usine Framatome n’en prévoit que 200 à l’horizon certainement plus lointain que 2027, date annoncée désormais pour la fermeture totale de la centrale.

La ministre de l’écologie, Agnès Pannier-Runacher, rescapée du gouvernement Attal, était à Nantes le 3 octobre pour participer aux Assises des déchets. Elle qui semblait-il soutenait le projet n’a malheureusement pas infléchi l’annonce d’EDF et attend maintenant de l’entreprise publique des propositions de reconversion du site, ignorant ainsi le projet Ecocombust.
Pour la ministre du nouveau gouvernement Barnier, « il ne faut pas de fausses promesses, il ne faut pas de solutions qui ne fonctionnent pas dans la durée ». Elle balaie ainsi, pour des raisons de niveau de rentabilité, avec cynisme, neuf ans de travail, de réflexions et d’expérimentations techniques et industrielles par les salariés.

Les mesures de réduction du déficit public promises par le gouvernement vont-elles passer par Cordemais ? Pas seulement hélas. Mais la souveraineté énergétique et la transition écologique risquent aussi d’en payer le prix fort parce que ni les marcronistes, ni la droite et encore moins le RN ne veulent taxer plus le capital et les capitalistes durablement. Pourtant, les objectifs de neutralité carbone en 2050 nécessitent des investissements publics conséquents pour justement augmenter la production d’électricité décarbonée.

Cordemais doit vivre et la bataille pour sauver Ecocombust n’est pas terminée. Les salariés organisent la mobilisation et veulent construire le rapport de force pour faire reculer EDF et l’État. Une réunion publique pour débattre de l’avenir de la centrale de Cordemais avec le syndicat CGT, les salariés, les élus, la population a eu lieu le jeudi 10 octobre à 18H00 à l’Hippodrome de Cordemais. Sans ambiguïté, pour Robin Salecroix, secrétaire départemental du PCF, « le Parti communiste français continuera à soutenir la lutte des salariés de la centrale ».