Le grand oral de Michel Barnier, le nouveau Premier ministre, n’a laissé aucun doute à celles et ceux qui en avaient. Son discours de politique générale s’inscrit dans la droite ligne ultra-libérale du macronisme, teintée de propos sécuritaires et anti-immigration qui n’étaient pas sans rappeler les postures de son ministre de l’intérieur Bruno Retailleau ou les exigences racistes du Rassemblement national vis-à-vis des migrants et de l’immigration.

Pendant que des organisations syndicales appelaient à la mobilisation pour l’augmentation des salaires et l’abrogation de la réforme des retraites, Michel Barnier déclinait les grandes orientations de son programme politique. Un air de déjà-vu qui mêle le macronisme au sarkozysme, mais qui cette fois doit recevoir l’aval du Rassemblement national, faute de quoi le gouvernement tomberait. La feuille de route est sécuritaire et austéritaire. 60 milliards d’euros sont à trouver en 2025, 40 milliards de réductions de dépenses publiques et 20 milliards de recettes fiscales supplémentaires à aller chercher de manière très ciblée et temporaire. Le Premier ministre veut une contribution exceptionnelle des 300 entreprises qui réalisent plus d’1 milliard d’euros de chiffre d’affaire, mais aussi l’augmentation des impôts pour les foyers fiscaux les plus fortunés, ceux qui perçoivent plus de 500 000 euros par an de revenus, soit 0.3 % de la population. Pas de quoi effrayer les grands capitalistes et encore moins celles et ceux qui sont juste riches, puisque ceux-là sont épargnés. Du côté de la réduction de la dépense publique, toute la population va être impactée, même les retraités dont l’indexation de la pension sur l’inflation est reportée de janvier à juillet. En effet, mise à part la revalorisation du smic de 2 % au 1er novembre, rien n’a été annoncé quant à l’augmentation générale des salaires dans le privé comme dans la fonction publique. Le cœur du projet austéritaire de Barnier, c’est la fusion des services publics et le non remplacement des fonctionnaires partant en retraite ou démissionnaire. Alors que l’Éducation nationale, le système de santé publique ou les collectivités locales manquent de moyens humains et financiers, qu’il manquait 3000 professeurs à la rentrée, que des services hospitaliers ferment, que les déserts médicaux qui touchaient les milieux ruraux concernent désormais les aires urbaines et que les Conseils départementaux, par exemple, n’ont pas les budgets pour mener à bien leurs politiques publiques, l’État veut de nouveau leur serrer la ceinture. Et faire la chasse aux pauvres ! Le combat à la fraude sociale est l’une de ses priorités et pour « remettre les Français au travail » et lutter contre « l’assistanat » il souhaite la mise en place d’une allocation sociale unique plafonnée à 70 % du smic en lieu et place de l’allocation chômage ? Une mesure défendue par le très droitier Laurent Wauquiez. Pourtant, selon le Haut conseil au financement de la protection sociale, 56 % des 13 milliards d’euros de fraude sociale émanent des entreprises. Et que dire des 100 milliards d’euros annuels d’évasion fiscale ? Que ce n’est certainement pas le fait des classes populaires !

Devant les annonces dangereuses du nouveau gouvernement, les groupes parlementaires du Nouveau Front populaire ont décidé de déposer une motion de censure pour dénoncer la négation du résultat des législatives et pour condamner la cure d’austérité imposée aux Français. La censure n’a pas été adoptée et en refusant de la voter, le RN est devenu complice de la politique de Michel Barnier et l’allié objectif d’Emmanuel Macron. C’est désormais le Projet de loi de Finances qui va être en débat à l’Assemblée nationale et ce sera la lutte des classes ! En effet, ni LR, ni les macronistes Renaissance, ni le RN ne veulent de hausses d’impôts. La bourgeoisie se solidarise et compte bien sur la casse des services publics et des droits sociaux pour échapper une nouvelle fois à l’impôt.