Élu en 2019 avec près de 73 % des voix sur des promesses de rétablissement de l’ordre face à l’instabilité politique, Kaïs Saïed a été réélu le 6 octobre dès le premier tour avec 90,7 % des suffrages, mais une participation ténue, de 28,8 % contre 45 % il y a cinq ans, promettant l’ordre face à l’instabilité politique.

En fait d’ordre, cela s’est concrétisé par un muselage en bonne et due forme de tout ce qui pouvait ressembler à un contre-pouvoir et l’emprisonnement des figures de l’opposition. Selon Human Rights Watch, « plus de 170 personnes sont actuellement détenues pour des motifs politiques ou pour avoir exercé leurs droits fondamentaux ». En 2021, Kaïs Saïed, spécialiste de droit constitutionnel, s’était même emparé des pleins pouvoirs.

Dans l’épisode électoral qui vient de se clore, seuls deux candidats sont restés dans la course contre le président-candidat, sur les 17 postulants au départ, écartés par l’Isie (Instance Supérieure Indépendante pour les Élections, organisme tunisien) pour des irrégularités présumées. 

Il est à craindre que le président réélu, conforté par son score, ne durcisse plus encore sa politique répressive à l’égard des voix critiques, écrasant davantage encore les espoirs qu’avaient suscités le Printemps arabe de 2011.