Dans une interview du dernier numéro de la revue « Nouvelle Vie Ouvrière », Sophie Binet est longuement revenue sur la situation politique inédite que traverse le pays depuis les élections européennes de juin et les élections législatives de juillet. La Secrétaire générale de la CGT reconnaît la gravité de la situation et demande un changement de braquet contre l’extrême droite et la mise en place de politiques de progrès social.

En effet, si la mobilisation républicaine et le front contre le RN a empêché Jordan Bardella de gouverner, il n’en reste pas moins qu’Emmanuel Macron refuse d’accepter sa défaite et de nommer le NFP à Matignon avec Julie Castets comme Première ministre. Pour Sophie Binet, « il ne veut pas partager le pouvoir » et son refus de nommer la personne choisie par l’ensemble des forces du Nouveau Front populaire « c’est parce qu’il sait qu’elle a des chances de ne pas être censurée immédiatement et de pouvoir mettre en œuvre des mesures sociales. »
La responsable syndicale reste optimiste. Pour elle, « Nous sommes dans une bien meilleure situation que s’il n’avait pas dissous l’Assemblée nationale. Des projets de loi très négatifs étaient prévus cet automne et sont désormais enterrés : la casse du statut des fonctionnaires ; la réforme du Code du travail, de l’assurance chômage ; de l’audiovisuel public… Il nous faut valoriser ces victoires ! »

L’évolution des rapports de force politique malgré le déni démocratique orchestré par la droite et le rôle plus important que va jouer désormais l’Assemblée nationale, laisse espérer de nouvelles victoires syndicales et c’est avec détermination que Sophie Binet veut entamer la rentrée sociale, « Nous travaillons à une rentrée offensive sur l’abrogation de la réforme des retraites, les salaires, les services publics, la réindustrialisation, l’égalité entre les sexes, etc. »

Alors que l’extrême droite a failli prendre le pouvoir, la CGT tire la sonnette d’alarme et reconnaît l’immense bataille d’idées à mener pour faire refluer le vote réactionnaire, notamment en direction des salariés les plus fragilisés, les plus précaires, les plus désabusés par la politique et ses acteurs. « Si on ne prend pas la mesure de cette alerte, la catastrophe se produira ». C’est pourquoi le CCN de la CGT a pris l’initiative d’organiser, le 27 août dernier, une journée de réflexion avec des chercheurs, pour trouver les moyens de combattre les idées nauséabondes du RN et de ses acolytes. Cette question préoccupe l’ensemble des organisations syndicales qui d’ailleur, ont décidé de lancer ensemble une campagne contre le racisme sur les lieux de travail. 

Les attentions se portent désormais sur les prochaines journées de mobilisation. Celle du 1er octobre à l’appel de la CGT qui devrait être rejointe par d’autres organisations syndicales, avec comme mots d’ordre l’augmentation des salaires et l’abrogation de la réforme des retraites. Avant cela, les organisations syndicales vont probablement être attentives aux manifestations politiques du 7 septembre. Même si elles ne sont pas signataires de l’appel des forces politiques, la CGT, la FSU et Solidaires sont en soutien et invitent leurs militants à y participer. La fête de l’Huma sera aussi un grand forum social de la rentrée.