En Argentine, l’élection du président d’extrême droite, l’ultralibéral Javier Milei en décembre dernier, produit ses effets dévastateurs. Sur fond de mise en scène populiste, celui-ci avait annoncé lors de sa campagne vouloir passer la tronçonneuse dans les dépenses publiques de l’État. Il s’y attelle et la brutalité des coupes budgétaires replonge le pays dans l’autoritarisme avec ses mauvais souvenirs de la dictature militaire des années 1976-1983, que Javier Milei admire.
Le 26 janvier dernier, une grève générale pour protester contre la dérégulation de l’économie, les privatisations à tout va, le règne sans partage du marché, avait mobilisé le monde du travail dans son ensemble. Le 23 avril, ce sont les étudiants et leurs professeurs qui sont descendus par centaines de milliers dans les rues du pays pour défendre un système universitaire au bord de l’asphyxie. En effet, dans le budget prévisionnel 2024 de l’État, pas un peso de plus n’a été attribué à l’enseignement supérieur, alors que l’inflation dépasse les 250 %. Autrement dit, en Argentine, l’université publique gratuite est en péril. Un coup très dur pour les jeunes des classes populaires qui, à travers l’enseignement supérieur, aspirent à un futur meilleur.
En s’attaquant aux services publics et à la justice sociale, Milei et son gouvernement entendent mettre en place une société au service des privilégiés, instaurer la loi du plus fort et organiser le pillage de la nation par les grands groupes privés. Leur modèle économique est inspiré par l’économiste américain Milton Friedman et ses « Chicago boys », économistes ultralibéraux pour qui rien ne doit entraver le capitalisme et l’initiative privée. Ce sont eux qui, dans les années 70, conseilleront les dictateurs Pinochet au Chili ou Videla à Buenos Aires.
Pour mener à bien ses coups de forces sociaux et économiques, le pouvoir criminalise la protestation sociale et s’attaque tout particulièrement à la classe ouvrière et à ses organisations syndicales. Pour concentrer plus de pouvoirs, deux textes législatifs sont en cours de rédaction pour abroger des lois favorables au mouvement social : le code pénal et la législation du travail. Il s’en prend donc à la démocratie et prétend, pour mener à bien ses « tronçonnages », instaurer un « état d’urgence » permanent pour s’adjuger des pouvoirs spéciaux et galvauder la séparation des pouvoirs. Javier Milei est en réalité un ultralibéral néofasciste, à l’image de la vague populiste mondiale qui sévit, notamment en Europe. Pour lui faire barrage, l’opposition de gauche, les centrales syndicales, les milieux progressistes, entendent construire le rapport de force en regagnant idéologiquement les classes populaires qui se sont égarées dans les bras de l’extrême droite.