Le conflit entre Israël et le Hamas s’est mondialisé, il met en évidence les fractures entre les pays dits du « nord » et du « sud ». Les premiers, historiquement développés, industrialisés mais aussi composés par les anciennes puissances coloniales, subissent les critiques des pays du « sud », traditionnellement les États libérés du colonialisme, des protectorats et qui désormais comptent dans le nouvel ordre international, par leur puissance politique, économique et militaire. Tels la Chine, l’Inde ou le Brésil mais aussi des pays d’Afrique. Ils refusent de s’aligner sur les positions américaines ou européennes, dénoncent le « deux poids deux mesures » des occidentaux vis-à-vis d’Israël et constatent l’incapacité politique et diplomatique des USA et de l’UE à pousser pour une résolution immédiate du conflit. De par leur nombre et la population qu’ils représentent, ils jouent un rôle important dans les votes et dans les contenus des déclarations de l’ONU.
Le bras de fer engagé entre António Guterres, son secrétaire général, et le gouvernement israélien, est révélateur. Les nombreuses condamnations de violation du droit international et du droit humanitaire, de crimes de guerre, par l’ONU à l’égard de Tsahal, Benyamin Netanyahou et l’extrême droite israélienne, alimentent de vives tensions qui ne laissent pas indifférente la communauté internationale.
D’ailleurs, même les États-Unis, qui craignent l’expansion régionale du conflit, ou des pays européens comme la France, ont infléchi ces derniers jours leur soutien inconditionnel à Israël. Toutefois, les pressions diplomatiques occidentales exercées sont-elles à la hauteur, puisqu’elles ne changent pas le cours de cette guerre qui tue par milliers les civils de Gaza ? Israël, pour se défendre après l’attaque du Hamas le 7 octobre, avait à juste titre ciblé l’organisation terroriste. Aujourd’hui, plus d’enfants, de femmes, de vieillards que de combattants islamistes sont tués. La réponse militaire israélienne est en cela disproportionnée, et de plus en plus de voix s’élèvent contre ces méthodes, chez les diplomates et les observateurs politiques, chez des intellectuels ou parmi le peuple israélien.
L’Europe est divisée, le vote d’une résolution de l’Assemblée générale de l’ONU qui appelait, le 27 octobre dernier, à une « trêve humanitaire immédiate, durable et soutenue, au respect du droit international, à une aide humanitaire sans entraves » a mis en évidence trois blocs. Ceux favorables à la résolution dont la France, les abstentionnistes comme l’Allemagne et les partisans de la loi du Talion comme l’Autriche ou la Hongrie.
Les dirigeants du monde arabe sont quant à eux très discrets, et si le sommet de Ryad du 11 novembre aura permis de condamner les actions « barbares » d’Israël, de demander une résolution internationale contraignante pour l’État hébreu, aucune sanction politique ou économique n’a été décidée. Certes, le risque d’embrasement est pour le moment écarté mais les peuples arabes, largement favorables à la cause palestinienne, constatent que les processus de normalisation des relations entre Israël et des pays comme l’Arabie Saoudite, l’Égypte, la Jordanie ou le Maroc, ont des conséquences sur le sort du peuple palestinien. Et l’Iran, soutien du Hamas, attise ce ressentiment.
Le chemin à trouver pour un cessez-le-feu immédiat, pour la paix, pour concrétiser la solution politique à deux États souverains vivant côte à côte, en sécurité, doit maintenant être à l’ordre du jour de toutes les discussions internationales. Comme doit l’être aussi la nécessaire refonte des Nations Unies, pour que l’institution internationale retrouve une place prépondérante dans les affaires du monde, soit de nouveau capable de réguler les rapports entre les pays et régler les conflits.