La phrase d’Élisabeth Borne concernant le Rassemblement national en tant qu’héritier de Pétain permet de revenir sur les origines peu reluisantes du Front national auquel a succédé l’actuel parti d’extrême droite.

En octobre 1972, le FN va rassembler différents mouvements, illégaux et dissous pour certains, œuvrant au grand jour pour d’autres, et remettre au premier plan quelques personnalités de sinistre mémoire.

Parmi les fondateurs du FN, nous retrouvons sans surprise de nombreux « collaborationnistes », certains ayant combattu dans la Waffen-SS, comme Victor Barthélémy (après un passage fugace au PC, rejoindra dès 1936 le PPF de Doriot dont il deviendra secrétaire général) ou Pierre Bousquet (Parti franciste dès 1935, deviendra officier de la division Charlemagne en 1944) et Léon Gaultier qui, en plus de ses exploits aux côtés des nazis, participera à la création de la Milice. Autre milicien : Well Emmanuel Allot, dit François Brigneau (venu du socialisme, adhérera au RNP de Marcel Déat). Autre membre du RNP, Roland Gaucher, venu du trotskysme qui collaborera activement, condamné à la Libération pour intelligence avec l’ennemi. André Dufraisse, membre du PPF, qui partira combattre sur le front de l’est avec la LVF. Certains sauront mener un double jeu habile à la Libération, tel Serge Jeanneret, maurassien, membre du PPF, un temps chef adjoint de cabinet du ministre de l’Éducation nationale dans le gouvernement Laval.

Ce tour rapide des fondateurs du FN, ancien nom du RN, se contente d’évoquer ceux qui ont réellement pris part aux exactions du pétainisme. Il y aurait encore beaucoup à dire sur les évolutions de chacun, de ceux qui, trop jeunes pendant l’Occupation ou nés après, iront rejoindre les rangs des mouvements d’extrême droite, se feront les chantres de l’antisémitisme, du négationnisme, du racisme, du suprémacisme blanc et autres idées néfastes, participeront à des mouvements illégaux et à des actions terroristes, notamment pendant la guerre d’Algérie. Guerre où par ailleurs Jean-Marie Le Pen s’illustra comme tortionnaire.

Les racines du Rassemblement national plongent bien, comme l’a rappelé Élisabeth Borne, dans les miasmes et la fange des années noires.