Quand les argentiers d’Europe décidaient d’imprimer sur les billets de la nouvelle monnaie commune des fenêtres et des ponts, il y avait l’idée, certes vite battue en brèche, de symboliser une Europe ouverte aux autres, une Europe qui rapprochait les peuples.

Hélas, il n’aura pas fallu longtemps pour que la vieille Europe succombe à son tour au désir de se protéger derrière des murs. La Finlande, qui mettait fin à plusieurs décennies de neutralité en demandant l’adhésion à l’Otan l’année dernière, adhésion effective le 4 avril 2023, en prend le chemin.

Annoncée en novembre 2022, la construction d’un mur de 200 kilomètres entre la Russie et la Finlande a débuté, par la livraison en avril d’un tronçon de trois kilomètres. Le projet d’une palissade de trois mètres de hauteur, surmontée par des barbelés, agrémentée de nombreuses caméras à vision nocturne, de dispositifs d’éclairage puissants et de haut-parleurs, devrait coûter 380 millions d’euros. L’objectif serait d’empêcher que Moscou n’instrumentalise la migration et n’exerce ainsi une pression sur Helsinki. Il faut reconnaître que la situation engendrée par l’entrée des forces russes en Ukraine a provoqué de nombreux départs de la Russie vers la Finlande.

Le tout nouveau membre de l’Otan a choisi le repli sur soi plutôt que de chercher à accueillir une population qui refuse l’enrôlement dans les armées de Poutine…
Au-delà de la posture, l’avenir dira le bien-fondé d’une muraille de 200 kilomètres de long destinée à clôturer une frontière de plus de 1300 kilomètres.