L’Anses a publié récemment un rapport sur la contamination des ressources en eau potable par des polluants émergents. Il pointe en particulier la présence d’un métabolite, c’est-à-dire un produit de dégradation issu d’un pesticide utilisé en agriculture. Le métabolite R471811, issu du chlorothalonil, fongicide utilisé en agriculture, a été interdit par l’Union européenne en 2019. L’UE basait sa décision sur un avis de l’agence sanitaire européenne (Efsa). Celle-ci avait formulé plusieurs critiques sur le produit. La plus importante concernait son impact sur les milieux aquatiques. En ce qui concerne le danger des résidus de chlorothalonil et de ses métabolites pour les humains, l’Efsa était prudente. La substance fait partie de la catégorie 2B, « peut-être cancérigène », vaste amas de près de 300 substances, présentes dans les détergents, les légumes conservés dans le vinaigre et les feuilles d’aloe vera… Selon les informations du rapport de l’Anses, ce métabolite est présent dans plus de la moitié des eaux destinées à la potabilisation et en concentration supérieure aux limites de qualité (0,1µg/l) dans plus d’un tiers.
Concernant le chlorothalonil, une série d’études conduites sur des animaux ont permis d’établir que, pour observer un premier effet sur la santé, les sujets devaient être soumis à des doses quotidiennes importantes – jusqu’à 153 mg/jour pour un chien de 30 kilos.
« Il n’y a pas de raison de s’affoler », pour Christophe Rosin, chef de l’unité chimie des eaux au laboratoire Anses d’hydrologie situé à Nancy. « Aucun dépassement de valeurs sanitaires maximales n’a été observé », et « les concentrations maximales mesurées sur cette campagne sont de l’ordre de 10 à 10 000 fois plus basses que les valeurs maximales associées, en fonction des composés », précise l’agence indépendante.
Pour les élus locaux, notamment communistes, cette situation vient cependant confirmer la pertinence de leurs demandes, notamment celle d’atteindre le « zérophyto » en priorité sur les aires d’alimentation de captage d’eau potable et la responsabilisation des producteurs de pesticides, y compris après leur interdiction, d’autant que ces molécules persistent dans l’environnement et s’avèrent difficiles à abattre.
D’ici là, il est bon de rappeler que l’eau du robinet reste le produit alimentaire quotidien le plus contrôlé, avec une qualité sanitaire très élevée et que cette campagne de mesures souligne le travail de recherche mené par de nombreux acteurs pour délivrer un service irréprochable.