Depuis le 15 avril, la guerre civile fait une nouvelle fois rage au Soudan. Le pays, qui avait laissé espérer une transition démocratique en 2019 après le renversement de la dictature d’Omar el-Bechir, avait connu un nouveau putsch en octobre 2021 qui installait au pouvoir les généraux Abdel Fattah al-Buhran, chef de l’armée, et Mohamed Hmadane Dagalo, dit Hemetti, chef des paramilitaires des RFS (Forces de soutien rapide).
Depuis des décennies, les populations soudanaises vivent des situations dramatiques, au gré de soubresauts politiques d’une violence extrême : coup d’état d’el-Bechir en 1989 avec comme conséquences immédiates la suspension des partis politiques et la mise en place d’une législation islamique, répression tous azimuts, notamment dans le cadre de la guerre du Darfour : 300 000 morts, 2 millions de déplacés. Répression pour laquelle el-Bechir est mis en accusation par la Cour pénale internationale pour génocide, crimes contre l’humanité et crimes de guerre.
À la suite de quatre mois de manifestations populaires, de décembre 2018 à avril 2019, le dictateur avait été renversé puis emprisonné.
À la faveur du coup d’état de 2021, les généraux al-Buhran et Dagalo mettaient fin aux espoirs d’une transition, mais se sont vite montés l’un contre l’autre, cultivant de chaque côté des alliances avec des puissances étrangères aux arrière-pensées intéressées. Al-Buhran est proche de l’Égypte, hostile au grand barrage sur le Nil éthiopien. Dagalo, de son côté, a l’oreille des puissances du Golfe et de la Russie.
Dans une région depuis si longtemps instable et parmi les plus pauvres du globe, gangrenée par la contrebande et les corruptions en tous genres, le déchaînement des violences – déjà plusieurs centaines de morts et des milliers de blessés, entraîne des cortèges de déplacements de populations dans tous les pays voisins : Égypte, Tchad, Centrafrique, Soudan du Sud, Éthiopie…
« Les victimes de cette violence continue et de la contre-violence sont les masses populaires résistantes, qui continuent de lutter pour poursuivre la révolution (référence à la période qui avait suivi la chute d’el-Bechir) et parvenir à un pouvoir civil démocratique complet. Le retour à une vie normale commence par un arrêt immédiat et complet des échanges de tirs, avec le retrait des armées et des milices des villes, villages et zones résidentielles des citoyens », insiste le comité central du Parti communiste soudanais (PCS) dans un communiqué.