Malgré la volonté et l’ambition affichée par la majorité métropolitaine en matière de construction et de rénovation de logements, le bilan 2022 du Plan Local de l’Habitat n’est pas bon. Les chiffres des autorisations de construction de logements sont au plus bas, en 2019 il était encore de 6520, en 2022 celui-ci est tombé à 3575 logements autorisés.

L’ensemble des chiffres sont inquiétants même s’ils s’inscrivent dans un contexte global tendu en raison de la pénurie de matériaux, de la hausse des prix de l’énergie, de la hausse des taux d’intérêts, du manque de personnel dans les métiers du bâtiment et de la raréfaction des terrains à bâtir. Et les perspectives ne sont pas bonnes, aucun de ces maux ne semblent se résorber pour les mois à venir. Pire, la nouvelle loi sur l’objectif zéro artificialisation nette (ZAN) va empêcher l’urbanisation de plus d’une cinquantaine de zones dans l’agglomération nantaise. Si l’objectif du ZAN est louable, la manière dont il est mis en place pose question aux élus métropolitains. À terme, il semble qu’il va être plus simple de créer un golf en Lozère que des logements à Vertou ! 

On dénombrait sur le territoire 36 079 demandeurs de logements sociaux au 1er janvier 2022, un chiffre en hausse constante de plus d’un millier par an ces dernières années. Et globalement, le marché de l’immobilier ne permet pas de satisfaire la demande générée par les soldes naturels et migratoires. Cela entraîne l’augmentation des prix de l’immobilier et rend impossible l’installation des ménages des catégories moyennes et inférieures.
Comme bon nombre de grandes villes, Nantes métropole connaît un phénomène de précarisation de pans entiers de populations et d’exclusion des communautés défavorisées. Pour faire face aux situations les plus graves, la Métropole a créé en 2021 un fonds de soutien dédié à la lutte contre le sans-abrisme. Cette enveloppe budgétaire permet aux communes d’élaborer des projets dans la perspective de mettre à l’abri des familles et des personnes seules sans toit ou en squat. La métropole et ses maires discutent également avec l’État et le département pour résoudre à long terme les problématiques liées aux bidonvilles des populations roms. Mais, pour mettre en place ces politiques, des logements sociaux et très sociaux doivent être disponibles et le rythme de la construction n’arrive pas à suivre pour le moment.

Il faut dire que les capacités financières des organismes HLM sont réduites, à cause des mesures d’économie adoptées au cours du précédent quinquennat, qui amputent les ressources des organismes de 1,3 milliard d’euros par an. À cela, on peut ajouter la hausse des taux d’intérêt et du livret A qui alourdit la charge de la dette des bailleurs sociaux pour 2 milliards. 

En conseil métropolitain du 10 février, Pascale Robert (élue communiste) posait la question aux membres de la majorité présidentielle présents : « où sont les priorités du gouvernement, quand la Cour des comptes estime que le coût annuel pour les finances publiques d’un logement bénéficiant de l’avantage Pinel est deux à trois fois supérieur à celui d’un logement social comparable. »
Ainsi, les interventions des élus des groupes « communistes et républicains » et « gauche citoyenne, sociale et écologiste » se sont rejoint : il faut financer davantage les logements sociaux et monter encore d’un niveau notre maîtrise foncière. 

La réduction du nombre de terrains va obliger à densifier les zones déjà urbanisées pour tenir ce cap. Mais cette densification doit être acceptable pour ne pas être rejetée par les habitants déjà implantés. Toujours en conseil sur ce point, la droite et les écologistes ont fait preuve d’un certain conservatisme, ce qui na pas manqué de faire réagir Robin Salecroix (président du groupe communiste) : « À mon sens, il ne faut jamais opposer la préservation de notre environnement avec la réponse aux besoins notamment en termes de logement, car si demain nous refusons de prendre notre part dans l’urbanisation de notre territoire, en plus de reléguer les classes populaires en seconde, troisième ou quatrième couronne, nous contribuerons de fait à l’artificialisation d’espaces naturels ailleurs. Alors oui, nous devons garder le cap et cela contre tous les conservatismes, que ce soit ceux qui préconisent d’abandonner la construction au prétexte de la sauvegarde de l’identité communale ou ceux qui verraient s’opposer les habitants déjà là à ceux de demain.»

Ce débat semble loin d’être clos et la fin de la trêve hivernale au 31 mars pourrait bien le relancer, tant les besoins sont grands.