Après avoir quitté le Mali puis la Centrafrique, la France prépare son départ du Burkina Faso. À la fin du mois de février, il ne devrait plus rester un seul des 400 militaires qui y étaient basés, à la suite d’accords signés en décembre 2018. En effet, le gouvernement issu du putsch de septembre dernier qui avait porté le capitaine Ibrahim Traoré au pouvoir a formellement exigé le retrait des troupes tricolores après avoir déjà, il y a quelques semaines, demandé le départ de l’ambassadeur de France à Ouagadougou.

Pour les militaires sur place, la situation était délicate, puisqu’il leur était demandé de respecter une certaine réserve par les pouvoirs en place qui se sont succédé afin de ne pas exacerber un sentiment anti-français toujours prêt à se développer. C’est d’ailleurs dans un contexte de manifestations de soutien à Ibrahim Traoré clairement dirigées contre l’ancienne puissance coloniale que ces annonces suivies de près de leurs effets ont été faites. Il est notamment reproché par les populations l’incapacité de la force française présente à endiguer l’avancée des djihadistes. Ceux-ci contrôleraient jusqu’à 40 % du territoire du Burkina, maintenant toute la zone dans la violence – depuis 2021, ce sont plus de 3750 morts et plus de deux millions de déplacés à déplorer.

Le gouvernement burkinabè a mis en œuvre le recrutement de 50 000 civils, appelés « volontaires pour la défense de la patrie », dans le but de recouvrir les territoires perdus. L’opération connaît un véritable succès, avec 90 000 inscrits.

Par ailleurs, de nombreux contacts sont noués avec les pays voisins, atteints des mêmes maux : les violences djihadistes au Sahel qui avaient débuté au Mali en 2012 se sont étendues ensuite au Burkina Faso et au Niger et concernent maintenant, avec de nombreuses attaques, les territoires des États du golfe de Guinée : Bénin, Côte d’Ivoire, Ghana et Togo. Les pays de la région tentent divers rapprochements entre eux – « Initiative d’Accra », demande de réintégrer pour ceux qui en avaient été suspendus (Burkina Faso, Mali et Guinée) l’Union africaine et la Cedeao, « fédération » entre le Burkina et le Mali...
Peu rassurant, la Russie, qui a déjà envoyé de nombreux mercenaires de Wagner au Mali, semble soudainement fort courtisée.