En attribuant le Nobel de littérature à Annie Ernaux, l’académie suédoise récompense une autrice française, huit ans après Patrick Modiano, première femme à obtenir le prix Nobel de littérature en France, après quinze hommes !

Avec une œuvre importante, prenant matière sur son expérience de femme, de fille, d’amante, de mère, Annie Ernaux a su toucher de très nombreuses lectrices, ainsi que de très nombreux lecteurs. En adoptant d’emblée une écriture directe et dénuée d’ornements, l’autrice a su porter une voix sincère, dont la justesse des propos ne laisse personne insensible. Très vite d’ailleurs, des réactions hostiles se seront levées, condamnant une écriture qu’elle définit elle-même comme étant “ blanche ”, pour mieux jeter l’anathème sur des textes dérangeants.

Racontant, livre après livre, l’expérience de sa vie, Annie Ernaux décrypte une époque, sans concession. Née dans un milieu modeste, de parents ouvriers puis petits commerçants en Normandie, milieu qu’elle va décrire dans ses premiers textes – Les armoires vides, La place… l’autrice devient enseignante de français, d’abord à Annecy puis dans la région parisienne, vivant à Cergy-Pontoise. Ce faisant, elle quitte sa classe sociale d’origine et, avec le regard d’une sociologue, ne va cesser de questionner les rapports de classe et le fait de s’en affranchir – notamment avec Retour à Yvetot.

Les rapports amoureux, la passion sont des thèmes importants dans cette œuvre qui va connaître une véritable reconnaissance internationale avec Les années, en 2008. 

Au-delà de son travail d’écriture, Annie Ernaux a pris toute sa part aux combats du moment, féministe, engagée résolument à gauche, participant à de nombreux appels, pétitions, soutenant le mouvement des gilets jaunes et ne mâchant pas les mots quand elle évoque la droite, Macron et « les puissances de l’argent ». Aux dernières présidentielles, elle apportait son soutien à Jean-Luc Mélenchon.

Très admirée, elle aura inspiré plusieurs générations d’artistes, en premier lieu en littérature.