Avec 13,5 milliards d’euros de profits en 2021 et déjà 18,8 milliards rien que pour le premier semestre 2022, pour ne parler que de TotalEnergies, nous ne pouvons que constater que s’il y a « crise de l’énergie », celle-ci n’est pas vécue de la même manière pour tout le monde. Pour la population, le plein d’essence ou de gasoil augmente au point que chacun révise ses projets, les annonces d’un hiver contraint sont dans toutes les têtes... Pour les actionnaires, ç’aura été 2,6 milliards d’euros supplémentaires et pour le PDG, Patrick Pouyanné, une augmentation de 2 millions (soit 52 %) pour atteindre 5,9 millions.

Dans ce contexte, les demandes de revalorisations salariales, mais aussi concernant l’emploi et les investissements semblent aller de soi. Or, la direction campe sur ses positions, n’accordant que des augmentations de 3,5 %, insuffisantes avec l’inflation que l’on connaît.

Cela fait maintenant trois semaines que le mouvement des opérateurs des raffineries et des dépôts de carburant a commencé, que les sites de TotalEnergies, ainsi que ceux d’Esso-ExxonMobil sont bloqués. En début de semaine, la communication de TotalEnergies, claironnant la contre-information d’un salaire moyen d’opérateur à 5000 € avait particulièrement énervé les salariés, renforçant leur détermination. Le site de Donges vient de rejoindre le mouvement, en réponse aux réquisitions de personnels que le gouvernement a annoncées, en infraction vis-à-vis du droit de grève. D’après l’Organisation internationale du travail (OIT), le recours aux réquisitions de salariés des dépôts de carburant porte atteinte au droit de grève. En novembre 2011, elle indiquait : « Ni la distribution de pétrole pour le fonctionnement du transport aérien ni le transport en lui-même ne sauraient être considérés comme des services essentiels au sens strict du terme. En outre, les considérations économiques ne devraient pas être invoquées pour justifier des restrictions au droit de grève ». 

Mercredi dernier ont eu lieu des rencontres entre les directions et les organisations syndicales, pendant que le gouvernement mettait à exécution sa menace de réquisition – ExxonMobil de Port-Jérôme-Gravenchon en Seine-Maritime. La seule avancée aura été de ne plus faire de la levée de la grève un préalable à toute discussion. Bruno Lemaire estimant lui aussi que Total est en mesure d’augmenter les salaires, le groupe proposait jeudi un bonus exceptionnel et 6% de hausse des salaires en 2023. 

Le mouvement se poursuit donc, et l’ensemble des partis de gauche en appelle à le soutenir.