« Dans le sillage du mouvement MeToo qui a libéré la parole des femmes victimes de violences, certains partis politiques, à gauche principalement car cela fait partie de nos combats fondamentaux, ont mis en place des dispositifs internes d’écoute et d’accompagnement des victimes. D’autres, à droite et à l’extrême droite, ont choisi de ne rien faire. Au PCF, nous avons fait le choix de mener une politique de tolérance zéro.​

Lorsque je suis arrivé à la tête du Parti communiste fin 2018, j’ai aussitôt été confronté à deux dossiers difficiles et douloureux. L’engagement de longue date des féministes du parti et l’expertise des associations, notamment du Collectif féministe contre le viol, m’ont permis d’y voir plus clair, et surtout une meilleure prise en charge des victimes au sein de notre organisation.

​Nous avons cependant besoin d’un cadre national concernant les auteurs des violences : quand, comment, sur quelles bases sanctionner, signaler, voire radier les hommes violents d’une organisation militante ?

L’actualité récente, avec les retraits d’Adrien Quatennens, de ses fonctions de coordinateur de LFI et de Julien Bayou, de la coprésidence du groupe EELV à l’Assemblée nationale, pose de nouveau la question des sanctions, des décisions que nous devons prendre dans de telles affaires. Celles-ci ont de plus la particularité de relever de violences conjugales.

​Il est certain que nous ne pouvons nous autodéclarer enquêteur·ses ou procureur·es. Nous avons besoin, d’une part, d’une justice adaptée et, d’autre part, d’un cadre national qui permette – et je dirais même, oblige – aux organisations militantes de prendre des mesures de protection des victimes et des militantes face à des hommes aux comportements violents. Nous ne pouvons pas rester les bras croisés en attendant que la justice se prononce, souvent après plusieurs années d’attente.

C’est parce que notre action s’adresse d’abord aux victimes, dont la parole a si longtemps été ignorée, que nous ​devons veiller à ce que les sanctions consécutives à des comportements intolérables soient prises dans un cadre formel, juste, transparent et contrôlé.

C’est la raison pour laquelle les ministères compétents devraient, à mon sens, prendre l’initiative de travailler avec l’ensemble des acteurs concernés pour établir un cadre national ainsi que des procédures et des règles communes. Cela nous permettrait de progresser plus vite et plus fort.​

​Notre société a tout à y gagner. »