La réforme des retraites et le report de l’âge légal de départ à 65 ans, proposition phare d’Emmanuel Macron pendant la campagne de la présidentielle, ne va pas passer comme une « une lettre à la Poste ».
Sans majorité parlementaire pour imposer ses choix politiques et gouverner dans ce sens, le Président de la République a du mouron à se faire et c’est tant mieux. La crise sanitaire de 2020 avait repoussé l’échéance et le gouvernement Macron 1, conduit par Edouard Philippe, avait tranché : la réforme des retraites oui mais pas en pleine crise de la Covid !
Le calendrier électoral et l’approche de l’élection présidentielle n’aura pas permis à la majorité de l’époque d’avancer sur ce sujet social brûlant. Symbole fort du macronisme, la retraite à 65 ans souhaitée par la République en Marche et Les Républicains est aujourd’hui confrontée à quelques épines : une majorité parlementaire pour le moment introuvable ; l’affrontement annoncé avec les députés de gauche (EELV, FI, PCF et PS) et les députés Rassemblement national, principales forces d’opposition à l’Assemblée Nationale ; l’impopularité de la réforme, puisque selon plusieurs études d’opinions, 55 % des Français veulent la retraite à 60 ans, voire 58 ans pour les métiers pénibles ; et enfin le barrage d’une majorité d’organisations syndicales, CGT, CFE CGC, CFTC, FO, FSU, Solidaires et désormais la CFDT puisque elles sont toutes vent debout contre le relèvement de l’âge de la retraite. Même la CFDT qui, lors de son congrès qui s’est tenu du 13 au 17 juin, a durci le ton. Les cédétistes veulent désormais s’en tenir à l’application stricte de la réforme Touraine qui prévoit un allongement progressif de la durée de cotisations jusqu’en 2035. Plus question de défendre l’adoption d’un régime à points.
D’ailleurs pour Laurent Berger, réélu Secrétaire général : « il faudrait être totalement fou pour remettre ce sujet sur la table… ». La nouvelle situation politique issue des élections législatives rebat les cartes, et rien ne dit qu’Élisabeth Borne, face au mécontentement politique exprimé ces dernières semaines, s’engagera sur la voie d’une nouvelle fracture de la société française.