Avec plus d’une vingtaine de livres à son actif, Lydie Salvayre est une autrice qui compte dans le paysage littéraire contemporain. L’œuvre, très diverse, a quitté délibérément les parages de la neutralité et du consensus pour porter la voix des victimes du monde tel qu’il est. Ouvrier prématurément usé, transi devant la direction de l’entreprise, locataire insolvable insultant l’huissier de circonstance avec un retour jouissif sur les années quarante, groupe de jeunes marginaux infiltré par les RG, les protagonistes des romans de Lydie Salvayre, avec leurs fragilités, leurs maladresses, mettent en pleine lumière les dysfonctionnements d’une société qui n’a pas été faite pour eux.

En 2014, l’auteure recevait le Prix Goncourt pour « Pas pleurer ». Ce livre donnait à entendre deux voix relatives aux années de guerre civile espagnole : celle de l’écrivain Bernanos dénonçant l’Église qui fermait les yeux sur les horreurs perpétrées par les franquistes et celle de Montse, mère de la narratrice, revenue aux souvenirs enchantés de l’insurrection libertaire à laquelle elle s’était pleinement donnée. 
Récemment, avec « Rêver debou », Lydie Salvayre a interpellé Miguel de Cervantes lui-même, considérant avec force arguments que le sujet Don Quichotte avait été outrageusement maltraité, que l’ingénieux hidalgo méritait mieux que moqueries, bastonnades et autres vexations. La fausse ingénuité de ton et le second degré apportent une résonance très contemporaine au texte et démontre magistralement la modernité décapante du grand auteur espagnol, ainsi que le désagréable sentiment que rien ne change fondamentalement…

Ainsi, c’est à l’image d’un Don Quichotte actuel que notre autrice pourfend sans relâche les moulins à vent de l’injustice et dénonce haut et fort, avec les armes fragiles de la littérature, les travers du monde. 

L’Huma-café recevra Lydie Salvayre :
Vendredi 20 mai, à 18h00 
Au Lieu Unique à Nantes