Le Sri Lanka est secoué depuis près d’un mois par des manifestations massives contre le gouvernement du clan Rajapaksa. Engluée dans la crise économique, l’île de 23 millions d’habitants a vu se constituer le plus large mouvement de contestation politique de son histoire.

Depuis le début de la pandémie, le Sri Lanka a vu son industrie touristique, principale pourvoyeuse de devises, s’effondrer. Le pays, hautement endetté, a du faire défaut sur 51 milliards $ de dette extérieure le 12 avril. Conséquences, le prix des biens de première nécessité s’envole et la pénurie se généralise. Le carburant, principal source d’énergie de l’île, a augmenté de 130 %. Le passage du jour au lendemain à l’agriculture 100 % bio dans un souci de limitation des importations d’engrais a mis fin à l’autosuffisance alimentaire du pays. Le président Gotabaya Rajapaksa a fait appel au FMI pour tenter un renflouement partiel de la dette sri lankaise.

Face à la crise, le peuple s’organise dans un mouvement populaire jamais vu depuis l’indépendance. Les revendications ne portent pas uniquement sur les besoins économiques mais également sur la corruption du gouvernement. Pour la première fois, les protestations ne sont pas le seul fait des minorités mais également de la majorité cinghalaise bouddhiste et transcendent les classes d’âge.

La répression est dure et un manifestant a été tué par balle le 19 avril dans le centre de l’île. Le pouvoir a déjà partiellement cédé en limogeant le Premier ministre Mahinda Rajapaksa, frère du président. Il propose un gouvernement d’intérim sous la houlette du président en place. Insuffisant pour la rue qui fait le siège du palais présidentiel à Colombo et demande le départ de Gotabaya Rajapaksa.

Le Front de libération du peuple (JVP, marxiste-léniniste) est au premier rang des manifestations. Il a demandé la formation d’un gouvernement d’intérim sans les Rajapaksa dans l’attente d’élections anticipées. Un message rappelé à l’occasion du 1er mai.