Les revendications portées ces dernières semaines dans les manifestations par les différentes sensibilités nationalistes inquiètent. L’idée s’installe qu’en définitive la « matrice de l’Assemblée de Corse » n’est plus le lieu où il peut se débattre calmement des questions politiques.

La gestion erratique de la levée du statut de DPS d’A. Ferrandi, P. Alessandri et Y. Colonna, condamnés pour l’assassinat du préfet Érignac, abouti à ce que l’application du droit intervienne dans les pires conditions après l’inadmissible assassinat d’Y. Colonna. Cela n’aurait jamais dû être. On comprend la colère et on partage l’exigence légitime de vérité et de sanctions au regard de ce qui s’est passé à la Maison d’arrêt d’Arles. Cependant, le sens des responsabilités politiques aurait dû concourir à cette recherche plutôt qu’à un discours laissant entendre qu’il y a eu une manipulation de l’État dans ce tragique événement.

Le choix du « rapport de force avec l’État » s’est prolongé ainsi dans une surenchère dont beaucoup se demandent où elle s’arrêtera dès lors que des organisateurs des manifestations violentes affirment qu’en 7 jours il a été obtenu plus qu’en 7 ans avec la représentation élue. Tout démocrate ne peut que condamner cette stratégie délibérée de guérilla urbaine accompagnée de slogans haineux et xénophobes. 
Ainsi on ne parle pas de l’urgence sociale, de la cherté de la vie en Corse, de la pauvreté grandissante, de la pénurie de logements sociaux, de la continuité territoriale et du service public, mais d’une « réponse politique globale » à partir de la « reconnaissance juridique du peuple corse ». Rappelons-le, les réformes institutionnelles précédentes ont accompagné l’aggravation des inégalités.

Ce débat ne peut être mené en quelques semaines. Les enjeux sont trop importants pour la Corse et l’unité nationale. Voilà pourquoi nous demandons d’une part que les représentants du PCF y soient associés et d’autre part qu’il soit d’emblée acté qu’à l’issue d’un véritable débat démocratique, les Corses puissent se prononcer en toute connaissance de cause, par référendum.
Michel Stefani