Il était d’usage, alors que l’année commençait au printemps, de s’offrir des étrennes le premier avril. Le déplacement du nouvel an au premier janvier ayant donné au don usuel du début avril un caractère plus léger, l’habitude est restée d’offrir quelque farce ou autre poisson.

C’est ainsi qu’au premier avril le président-candidat-à-sa-succession met en place une ristourne sur quatre mois de dix-huit centimes par litre de carburant acheté à la pompe... Remise qui n’entamera en rien les profits des compagnies pétrolières ni la levée des taxes concernées, mais sera payée par le contribuable. Le gouvernement estime que la mesure coûterait 2 milliards d’euros, pris sur le budget du ministère de la transition écologique !

Les « cadeaux » ont en fait commencé dès l’officialisation de candidature d’Emmanuel Macron, avec la suppression du passe vaccinal dès le 14 mars et de la fin des jauges, accompagnées de l’arrêt du masque obligatoire, sauf exception (déplacements, établissements de santé et médico-sociaux). Il est vrai que chaque allègement des contraintes liées au Covid est une respiration bienvenue. Cela étant, et au regard de l’augmentation actuelle des contaminations, la question demeure de savoir si cela n’était pas prématuré...

Et puis il y a – mais c’est pour après les élections ! – des annonces salariales qui arrivent curieusement très opportunément : bonne nouvelle pour les agents de la fonction publique, le fameux point d’indice qui sert à calculer leur traitement en fonction de l’échelon, du grade, du cadre d’emploi et de l’ancienneté de chacun sera « dégelé » avant l’été. Alors que celui-ci n’avait quasiment pas augmenté depuis dix ans, entraînant une baisse substantielle du pouvoir d’achat des fonctionnaires, le gouvernement vient de décider de sa revalorisation « à l’arraché », trois jours avant les manifestations du 17 mars ! Cette mesure que nous ne pouvons qu’appuyer – mais à ce jour non chiffrée – n’était tellement pas dans les tablettes que le Parlement sera amené à voter une loi rectificative au projet de loi de finances. Le privé avec une augmentation du smic de 25 euros en juillet, devrait aussi pouvoir bénéficier de quelques miettes...

Au catalogue des promesses pré-électorales, nous pouvons par ailleurs voir figurer la suppression de la redevance audiovisuelle, un triplement de la prime « Macron », un chèque alimentaire...

Cependant, les vrais cadeaux du président-candidat-à-sa-propre-succession sont naturellement destinés aux plus riches, et les mesures qui sont annoncées de faire porter la retraite à 65 ans, de supprimer des impôts sur les entreprises, ou encore de conditionner le RSA à un certain nombre d’heures de travail hebdomadaire vont une nouvelle fois abonder leurs fonds. D’après le magazine Challenges, il y avait 109 milliardaires français en 2021 contre 95 l’année précédente. Le mouvement n’est pas près de s’infléchir.