Les élections législatives colombiennes de mi-mars ont vu la victoire de la coalition de gauche « Pacte historique ». Historique, le terme sied bien à la soirée du 13 mars : en effet, la gauche n’avait jamais gagné une seule élection dans l’histoire de la république de Colombie en deux siècles d’existence.

Au sénat, les progressistes se hissent devant les deux grands partis colombiens, libéraux et conservateurs et se retrouveront avec le même nombre d’élus. À la chambre basse en revanche, si la gauche remporte le scrutin avec 17 % des voix, elle est dépassée en nombre de sièges par le parti libéral. Il n’empêche, en brisant le bipartisme traditionnel de la Colombie, la coalition qui regroupe le Parti communiste-Union patriotique ainsi que d’autres forces démocrates, écologistes et anti-corruption, a réussi un tour de force impensable pour le peuple colombien.

Si la répression politique reste forte dans la Colombie du président Ivan Duque notamment à l’encontre des militants FARC, le Pacte historique se place en position de force au moment d’aborder les élections présidentielles qui auront lieu fin mai. Son candidat, Gustavo Petro, ex-maire de Bogota et finaliste malheureux en 2018, est d’ores et déjà favori pour la magistrature suprême.  La division des forces de droite et de centre-droit pourrait frayer un chemin à la gauche au premier tour.

Bien que les thèmes de la gauche – santé, logement, pouvoir d’achat, écologie – trouvent enfin un espace dans le débat public colombien, la tâche du Pacte historique reste immense dans ce pays miné par les violences politiques. Depuis l’accord de paix entre gouvernement et FARC en 2016, plusieurs centaines de militants de gauche ont été assassinés.