En déplacement dans la péninsule arabique au début du mois, Emmanuel Macron a fait coup double dans l’ignoble : il est d’abord devenu le premier dirigeant occidental à rencontrer le prince héritier saoudien Mohammed ben Salmane depuis que celui-ci est accusé d’avoir commandité l’assassinat du journaliste Jamal Khashoggi en 2018, puis il a conclu un contrat d’armement record avec les Émirats arabes unis (EAU). Pour 16,6 Md €, ce sont donc 80 Rafale de Dassault et 12 hélicoptères Caracal qui viendront garnir l’arsenal de l’armée émiratie.

L’hypocrisie de la France dans son soutien à ces deux régimes parmi les plus réactionnaires de la planète pourrait prêter à sourire tant elle tranche avec les rodomontades paternalistes dont elle est coutumière envers des États pacifiques pour peu qu’ils choisissent de se développer hors du capitalisme – rappelons-nous des leçons de démocratie adressées à Cuba ou le soutien aux putschistes vénézuéliens. Mais ces ventes d’armes à destination de dictatures auront pour conséquence la répression accrue des rares opposants sous la main de fer de l’État.

Pire encore, l’Arabie saoudite et les EAU sont directement impliqués dans l’agression contre le Yémen depuis désormais six ans et demi et qui a déjà fait plus de 400 000 victimes. Les deux pays sont accusés de nombreux crimes de guerres, enlèvements, tortures, assassinats par la Fédération internationale des droits humains. Il était établi de longue date que l’Arabie saoudite ne s’était pas privée pour utiliser des canons CAESAR de fabrication française dans ses opérations offensives et que des navires livrés par la France participaient au blocus naval qui a jeté 11 millions de civils yéménites dans la famine et ce en toute connaissance de cause par la ministre des armées Florence Parly.

Récemment, le média d’investigation Disclose révélait qu’en 2016 François Hollande avait arbitré en faveur du ministre de la défense Jean-Yves Le Drian dans la vente de munitions à l’Arabie Saoudite contre l’avis du ministre des affaires étrangères Jean-Marc Ayrault alors même que le gouvernement avait connaissance de l’utilisation de ce matériel de guerre au Yémen.

Au vu de ces précédents, tout laisse à penser que les armes françaises vendues aux EAU seront utilisées dans le massacre du peuple yéménite en toute connaissance d’Emmanuel Macron et du gouvernement. Fin octobre, des sources issues du milieu de la défense saoudienne révélaient que Riyad serait en négociation avec le français Nexter pour la livraison de véhicules blindés.