Les événements en cours en Palestine sont certainement les plus graves que le pays ait connu depuis l’offensive israélienne sur Gaza de 2014 qui s’était soldée par plus de 2000 morts. Ils se concentrent sur deux fronts.

Tout d’abord l’insurrection palestinienne à Jérusalem contre les expulsions du quartier de Cheikh Jarrah. La méthode coloniale est désormais bien rodée. Après avoir coupé les quartiers palestiniens de la Cisjordanie par la présence de colonies de peuplement, l’État d’Israël isole les familles palestiniennes les unes des autres afin de déstructurer la société de Jérusalem-est et faciliter les expulsions de Palestiniens. Pour certains, dont les familles avaient déjà été expulsées en 1948, la perte une nouvelle fois de leur maison rappelle douloureusement la Nakba et confirme la permanence du processus de nettoyage ethnique en Palestine.

La violence de la répression coloniale contre le soulèvement a entraîné une propagation à la bande de Gaza, déjà sous le siège d’un blocus illégal depuis 2007. Dans le but de faire cesser les tirs de roquette depuis ce territoire, l’armée israélienne bombarde sans retenue des zones fortement peuplées. Des immeubles entiers sont retournés par des bombes qui fracturent le sol dans l’objectif de détruire des tunnels construits par le Hamas, au pouvoir à Gaza.

Le Hamas apparaît comme un adversaire bien commode pour Israël : parti islamiste, menant une dictature en interne et pas avare de tirs sur des zones civiles en externe, il est un bouc émissaire parfait pour la propagande israélienne qui cherche à tout prix à détourner l’attention de la situation coloniale. Il n’empêche, la reprise de la violence dans la région ne peut être considérée comme un conflit qui mettrait aux prises deux forces égales partageant les torts d’une situation intenable pour les populations.

La résistance palestinienne sous toutes ses formes n’est que la conséquence d’une violence coloniale dont l’intensité est sans commune mesure – en attestent les quelques 230 victimes des bombardements depuis le 10 mai. La Palestine n’occupe pas militairement Israël, ne colonise pas ses terres et ne la soumet pas à un blocus.

Comme souvent en Palestine, c’est dans les épreuves que se forge l’unité populaire. Le 18 mai a ainsi vu le succès d’une grève générale de Palestiniens des deux côtés de la « ligne verte » de 1967.