Il y a deux ans, un puissant mouvement populaire allait naître en Algérie, le «Hirak». Ce mouvement, rassemblant des centaines de milliers d’algériens, vendredi après vendredi, et chaque mardi pour les étudiants, avait eu raison d’Abdelaziz Bouteflika qui voulait se représenter pour un 5è mandat et qui avait fini par démissionner. S’en était suivi un processus électoral chaotique, repoussé deux fois pour finalement en arriver à l’élection très contestée d’Abdelmajid Tebboune : toute opposition véritable était interdite.

Le 1er novembre 2020, jour anniversaire du déclenchement de la guerre de libération nationale pour faire bonne mesure, le président Tebboune a soumis au peuple algérien une révision constitutionnelle par référendum. Celui-ci, concocté avec des partis acquis et toute opposition baillonnée, a été, de même que la présidentielle de décembre 2019, boudé dans les urnes.
 

Au moment où le Hirak s’apprête à fêter ses deux ans et dans la crainte d’une résurrection de ce mouvement de treize mois que seule la pandémie avait su réfréner, le président algérien a remis en liberté quelques dizaines de détenus politiques. Cette libération, bienvenue, devait permettre au pouvoir de passer à l’étape suivante, déjà inscrite à l’ordre du jour en automne : la dissolution de l’Assemblée Populaire Nationale. 
Dimanche 21 février, la chambre a donc été dissoute et le gouvernement a subi un léger remaniement ministériel. En conséquence, des élections législatives anticipées se profilent pour lesquelles le président Tebboune consulte ses alliés. 

Le problème, c’est que le Hirak est en train de faire son grand retour, et d’abord pour fêter un anniversaire, puis dans le cadre de la journée pour les droits des femmes, et finalement chaque vendredi, les algériens se remettent à descendre dans la rue massivement. Les slogans fusent à nouveau : «Pour un état de droit et de justice», «Pour une Algérie libre et plurielle», «Presse libre, justice indépendante»... La crise sanitaire étant passée par là, les revendications ne sont plus seulement d’ordre politique, mais prennent aussi des dimensions sociales et économiques – le chiffre officiel du chômage est de 15%.

Avec les manifestations reprennent les arrestations par centaines et les brutalités policières, les actes de torture... Le Haut Commissariat aux droits de l’Homme des Nations unies ou encore la Ligue Algérienne de la Défense des Droits de l’Homme sonnent l’alarme.