« Bonjour, je suis votre voisin, vous n’auriez pas des protections hygiéniques ? C’est pour ma femme». Marcel (Le prénom a été changé) et sa femme ont deux enfants, un salaire, des allocations. 

Un budget insuffisant. Dans la famille, il faut faire des choix.  Sa femme souffre de précarité menstruelle. Elles seraient plus de 2 millions à ne pas avoir les moyens de s’acheter tampons et serviettes. Deux millions à vivre l’angoisse quand vient à couler le flux rouge, à filer aux toilettes après s’être excusées en cherchant ce qui peut absorber le liquide pour finalement trouver au mieux un bout de papier toilette. Un véritable frein à l’insertion de milliers de femmes en situation de précarité.

Chez les étudiantes, 33% d’entre elles y seraient confrontées, selon une enquête réalisée par la FAGE. Quand 13% des étudiantes, faute de moyens,  sont contraintes de faire le choix entre acheter des protections périodiques et un produit de première nécessité ; 10% avouent fabriquer leurs propres protections hygiéniques, alors que 5%  des jeunes femmes se débrouillent avec du simple  papier toilette.

Gênante, la précarité menstruelle expose également à des risques pour la santé, lorsque les protections ne sont pas renouvelées suffisamment. Il faut dire que la dépense n’est pas négligeable. Dans sa vie, une femme dépensera environ 3 800 euros pour les protections périodiques et 5000 euros si on tient compte des anti-douleurs. Un budget pouvant varier de 10 à 18 euros par mois. Une somme anecdotique pour certaines, un vrai gouffre, alors que le pouvoir d’achat des femmes les plus précaires ne serait que de 180 euros par mois (hors loyer, crédits et alimentation), explique l’Insee.
Depuis quelques années de timides initiatives sont prises. Ainsi, depuis le 1er janvier 2016, les protections périodiques ne sont plus considérées comme des produits de luxe et affichent un taux de TVA de 5,5 % contre 20,6%. Puis, depuis 2020, dans les collèges et les lycées  en zone d’éducation prioritaire, dans les établissements pénitentiaires ou encore les associations d’aide aux sans-abris des distributeurs d’hygiène intime gratuite sont mis en place pour l’État. Un budget de 5 millions d’euros. Insuffisant.

D’autres expérimentations bourgeonnent sur le territoire dans les  villes, départements ou régions. Mais le chemin est encore long pour voir fleurir des distributeurs de protections hygiéniques gratuites dans toutes les toilettes des établissements scolaires, des universités, des bâtiments publics et des entreprises.

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