La transition énergétique deviendrait-elle la nouvelle marotte de nos grands capitalistes ? Antoine Frérot, pdg de Véolia, en menant son opération d’OPA sur le groupe Suez, n’a plus que des formules vertes à la bouche. Désireux de créer le «grand champion français de la transition énergétique», un «superchampion mondial de la transformation écologique» qui serait «le groupe d’après pour le monde d’après» parce que jamais n’a été aussi pressant «le besoin de solutions pour la transformation écologique», Véolia s’est lancé, depuis l’été dernier, dans l’absorption de son concurrent Suez.

Pour commencer, Véolia a racheté l’essentiel des parts qu’ Engie possédait. Le conseil d’administration de Suez s’y opposait. Les salariés de Suez, portés par une intersyndicale dénonçant la casse sociale à venir, le démantèlement de Suez et l’affaiblissement d’Engie, ont multiplié les actions. La justice,  considérant que les CSE (conseils sociaux et économiques) n’avaient pas été informés et consultés, a gelé les droits de vote de Véolia plusieurs semaines. Le représentant de l’État lui-même (l’État est actionnaire à hauteur de 24% du capital d’Engie) avait voté contre -il aurait préféré que la prédation se fasse plus «amicalement». 
Rien n’y a fait... Véolia vient maintenant de lancer son Offre Publique d’Achat afin de racheter les 70% des actions Suez qui lui manquent. 

En plus que de se faire le champion de la transition écologique, Antoine Frérot, jamais à court de formules, prendrait presque des accents socialistes. Il estime que pour les salariés de Suez le «projet est factuellement beaucoup plus protecteur pour eux que le nouveau plan stratégique annoncé par les dirigeants de Suez.» Il dénonce l’accélération des cessions et le versement d’un dividende exceptionnel – «un milliard d’euros en plein Covid, excusez du peu !» dixit Frérot.
 
En plus d’être un grand promoteur du «grand chantier mondial de l’environnement», le président de Véolia ferait dans le social... les salariés apprécieront !