Il fallait avoir de la patience et des nerfs solides pour suivre le dépouillement des élections étasuniennes : dû à un système complexe de vote par État, Joe Biden, pourtant loin devant au nombre de voix, n’a pu célébrer sa victoire que cinq jours après le scrutin.
Il va sans dire que l’élection de l’ex-vice-président d’Obama ne suscite pas l’enthousiasme outre-Atlantique et ailleurs. Biden, 78 ans, figure du centrisme démocrate, a participé à tous les renoncements en matière de santé de son mentor et a soutenu sans réserve ses politiques meurtrières à l’égard des peuples du Yémen ou d’Afghanistan.
Si le fond de son programme n’a pas fait l’objet de débats au cours d’une élection centrée sur la personnalité du président sortant, on peut d’ores et déjà prévoir que son ambitieux programme d’assurance santé publique soit déjà obsolète en raison de la crise économique que traverse le pays. Même l’élection de Kamala Harris, première femme à occuper le siège de vice-présidente, ne satisfait plus une nation lassée par les symboles.

La véritable victoire pour les États-Unis comme pour le monde réside dans le départ de l’actuel locataire de la Maison blanche. La gestion calamiteuse de la crise du Covid-19 n’est que la dernière des catastrophes en date du mandat de Donald Trump. Le président-milliardaire n’a eu de cesse de choyer sa propre classe, offrant baisses d’impôts et hausses des dépenses militaire jamais vues auparavant. Les maigres engagements des États-Unis en matière environnementale ont été balayés au profit de l’exploitation de pétrole de schiste. Sa base populaire s’amincissant avec les déceptions liées à sa politique protectionniste de baisse du chômage, Trump a préféré s’appuyer sur des bandes armées s’attaquant à ses adversaires démocrates.

A présent, toujours dans sa stratégie outrancière de déstabilisation de la démocratie, le président sortant multiplie les provocations à l’égard de son successeur. Refusant de reconnaître sa défaite, il multiplie les recours devant les tribunaux tandis que ses partisans crient à la fraude massive – accusation jusqu’ici infondée. Il est prévu que Joe Biden soit investi au mois de janvier. D’ici là, la transition vers une société apaisée de ses tensions paraît bien incertaine.