Un an après le putsch fasciste qui avait chassé le président Evo Morales du pouvoir, les Boliviens ont plébiscité le retour du Mouvement vers le socialisme (MAS) en élisant Lucho Arce à la présidence de la République le 18 octobre dernier. L’ancien ministre de l’économie a triomphé avec plus de 55 % des voix dès le premier tour (10 points de plus que Morales un an plus tôt) et pourra s’appuyer sur un parlement ancré à gauche. Les défis sont immenses pour le nouveau gouvernement : après un an de troubles, la gauche bolivienne doit reconstruire un système démocratique mis à mal par les ingérences étasuniennes de 2019 et protéger les ressources naturelles de la Bolivie. Alors que les forces progressistes semblaient peiner dans la région, l’élection bolivienne sonne comme un coup d’arrêt cinglant à la progression du néolibéralisme. Le nouveau président a immédiatement annoncé la réouverture des relations diplomatiques avec Cuba et le Venezuela.

Le Chili a quant à lui suivi les traces de son voisin en rejetant par référendum la constitution héritée de l’ère Pinochet le 25 octobre. Plus de 78 % des Chiliens ont répondu « oui » à la question posée « Souhaitez-vous une nouvelle constitution ? » Ce référendum constituait la principale concession du gouvernement conservateur au mouvement social monstre engagé au Chili depuis octobre 2019 contre les privatisations et la vie chère. Le rôle des communistes chiliens a été déterminant dans le débouché politique de cette révolte. Depuis les réformes néolibérales de la dictature de Pinochet, le Chili compte un grand nombre de services publics privatisés et le niveau d’inégalités est parmi les plus élevés du continent. Quatre électeurs sur cinq ont approuvé que la rédaction de la nouvelle constitution incombera à une convention composée de citoyens élus sans parlementaires. Cette mesure était destinée à empêcher la mainmise des partis conservateurs. Trente ans après la chute de la dictature, le Chili se débarrasse enfin des derniers oripeaux du pinochétisme.