«Séparatisme», ce mot d’Emmanuel Macron marque la volonté électoraliste de prendre les devants sur la droite et son extrême dans le débat en vue des élections présidentielles. Plutôt que de lutter contre les dérives sectaires, qui visent à assujettir les personnes à une structure sociale et à l’idéologie qui la justifie, c’est le communautarisme qui est remis sur la table. Or les communautés existent et ne sont pas négatives tant qu’elles ne s’excluent pas entre elles : nationales, d’intérêt, familiales, de travail, d’orientation sexuelle, etc.

Dans ce cas, et en écartant les très rares organisations réellement communautaristes, l’«isme» révèle une interprétation de phénomènes par des actes intentionnels coordonnés et occultes : c’est ce type d’explication que l’on retrouve dans les théories du complot. Pourtant, les phénomènes sociaux sont souvent complexes, avec des contextes différents, de multiples facteurs, de multiples acteurs qui suivent des logiques qui lui sont propres.

Il s’agit donc d’amalgamer une confession ou une origine (réelles ou supposées) de personnes et les difficultés sociales dans lesquelles elles sont plutôt plus représentées que d’autres parce qu’initialement défavorisées voire davantage dominées.

Derrière des apparences républicaines, le gouvernement prétend répondre à de vrais problèmes sociaux ou particuliers en visant la religion musulmane et, par là, assigne des personnes à des appartenances dont ils ne peuvent s’échapper car liées à une interprétation ethnico-culturelle de leur place dans la société.

En ces temps de chômage de masse et de précarité qui fragilisent tant l’autonomie des personnes que les communautés de travail et le service public peinant à répondre aux besoins des membres de la communauté nationale, le gouvernement choisit de rappeler des choses déjà existantes (sur la lutte contre les dérives sectaires, la scolarisation dès 3 ans...) ou en cours (dédoublement de classes, maisons France services...) et d’innover à la fois par la contrainte vis à vis des collectivités et associations et par une logique de concordat... Bien éloignée de la séparation de l’église et de l’État.