Jean Castex a annoncé, au début du mois, son plan d’attaque pour relancer la machine économique de la France. Ce plan programmé jusqu’en 2022, année des prochaines élections présidentielles et législatives, est doté de 100 milliards d’euros. Une somme parfaitement ronde dont le montant important a l’objectif de rassurer en cette rentrée où les incertitudes sont omniprésentes. Rassurer  le monde du travail, les salariés, les artisans et commerçants, les chefs d’entreprise, inquiets pour le devenir de leur emploi et de leur entreprise et qui espèrent depuis plusieurs mois la reprise de l’activité économique. Pourtant, le plan de « relance » d’Emmanuel Macron et du gouvernement est guidé par les mêmes dogmes libéraux que dans celui du « monde d’avant », à ceci près que désormais, il creuse les déficits pour verser de nouvelles aides aux entreprises, et renvoient pour plus tard la facture qu’ils feront payer aux couches populaires et au monde du travail. La France vole au secours des grandes entreprises sans contrôle de l’utilisation de l’argent public et sans contreparties sociales ou écologiques. Les TPE/PME, quant à elles, malgré le versement de 3 milliards d’euros de soutien à leurs fonds propres, subiront les diktats des donneurs d’ordres, des grands actionnaires et des banques.

Ce plan se décompose en 3 parties : 36 milliards pour la cohésion sociale, 34 milliards pour la compétitivité des entreprises et  30 milliards pour l’écologie. Sur la cohésion sociale, il s’agit essentiellement du financement de l’activité partielle longue durée et d’un plan pour les  jeunes. Pour ces 2 mesures,  l’Etat prendra en charge une part importante du chômage partiel et de l’embauche de jeunes de moins de 26 ans. Sur la compétitivité, le Premier Ministre veut déverser de l’argent public vers les entreprises, même vers celles qui se portent très bien. Il s’agit de baisser leurs « coûts » du travail à travers la baisse des impôts sur la production, sur la valeur ajoutée et sur le foncier. Une vieille recette utilisée depuis 25 ans (exonérations liées au passage aux 35H, plan Fillon, CICE…) mais qui n’empêche en rien les plans de licenciements, les délocalisations ou  les faillites. Point de vue partagé par Mathieu Plane, économiste à l’Observatoire français de la conjoncture économique (OFCE) pour qui : « le plan du gouvernement est mal calibré, il n’empêchera ni les faillites, ni les licenciements ». Pour mémoire, ces cadeaux fiscaux ont représenté 77 milliards d’euros en 2019, pour quels résultats ? Sur la question écologique, le gouvernement veut parier sur la rénovation des bâtiments, sur le développement du transport ferroviaire et sur les énergies nouvelles telles l’hydrogène. Pour Barbara Pompili, ministre en charge de ce portefeuille ministériel : « c’est un pas de géant pour l’écologie ». Si ces idées vont dans le bon sens, dans les faits, elles n’ont rien de nouveau et sont proclamées depuis des années sans que rien ne se concrétise. D’ailleurs, la CGT cheminots dénonce le double discours du gouvernement puisque la direction de la SNCF annonce dans le même temps, une réduction de 10% des effectifs de conducteurs dans sa filiale fret.

Plan de relance ou plan de communication ? Les 100 milliards promis sont financés à 40% par le plan de relance européen et parmi les mesures présentées, plusieurs étaient déjà votées pour le budget 2020 : le soutien aux collectivités, le plan jeune ou la majoration de l’allocation de rentrée scolaire. Le locataire de Matignon souhaite le retour de la confiance, qui serait le levier de la reprise économique, comme si la psychologie du petit écran allait remplacer l’indispensable augmentation des salaires et des pensions. Jean Castex joue l’offre contre la demande et au final le grand capital s’exonère de contribution à la solidarité nationale dans cette crise inédite. Au demeurant, aucun impôt supplémentaire n’est prévu pour les plus aisés. Le chef du gouvernement montre ses muscles aux premiers de corvées mais se courbe devant le MEDEF. Fabien Roussel, secrétaire national du PCF, n’y va pas non plus par quatre chemins : « La covid-19 est le meilleur allié du MEDEF ». Pour lui,  « le Président et le gouvernement font le choix de relancer les profits plutôt que de répondre aux défis de la crise sanitaire, économique et écologique ». C’est donc par la lutte et la formulation de propositions alternatives que le camp des salariés, des jeunes, des retraités et des laissés pour compte se fera entendre. 

La journée de mobilisation du 17 septembre sera une première étape pour faire valoir d’autres solutions face à la crise, l’interdiction des licenciements, l’augmentation des salaires et des pensions, la diminution du temps de travail, la conditionnalité des aides publiques, le rétablissement de l’ISF et une véritable transition écologique.