Le second tour des élections municipales a marqué les esprits par l’abstention record de près de 60 %. Si la peur de l’épidémie a pu être un facteur explicatif, on serait bien en peine d’expliquer les larges regroupements de nos concitoyens, en particulier dans les grandes agglomérations dans les commerces, manifestations et centre-villes d’où la peur du virus semble absente.

Outre le contexte très particulier de crise sanitaire, ces élections ne font que confirmer une tendance de long terme de baisse de la participation électorale déjà constatée lors des législatives de 2017. S’il apparaît hasardeux de tenter une explication, on avancera tout de même que la crise économique et le peu d’exposition médiatique ont relayé les élections municipales loin dans les préoccupations immédiates des Français-e-s.

L’abstention doit être considérée comme un phénomène politique de masse, révélatrice d’une crise politique profonde de la Ve République. A ce titre, les victoires de la gauche obtenues le 28 juin dernier doivent être tempérées par le peu de relais qu’elle trouvent auprès de la grande majorité de nos concitoyens. Si de nombreuses voix ont remarqué l’émergence d’une « vague verte », peu se sont penchés sur ses causes. Les victoires du parti Europe écologie – les Verts ont été majoritairement réalisées dans des grandes métropoles bien insérées dans la mondialisation capitaliste et à la tête de listes d’union de la gauche. Les communes périphériques et rurales sont en revanche terriblement absentes du bilan des écologistes. A l’intérieur même des métropoles, l’abstention a pris un phénomène de classe, touchant en priorité les classes populaires. Dans certains bureaux de votes nantais de quartiers populaires, la participation atteint ainsi péniblement 15 %. Les conquêtes écologistes doivent donc être relativisées par la portée qu’elles ont eu réellement sur la population.
Ces données doivent nourrir la réflexion pour les échéances à venir. Le schéma ayant mené aux victoires de la gauche aux municipales ne pourra pas être reproduit lors d’élections impliquant une rapide politisation et participation des classes populaires. Les mots d’ordre de la gauche reposant sur le triptyque écologie-social-démocratie sont trop souvent restés à l’état de formules incantatoires incapables de mobiliser les masses populaires au cours de cette campagne.

Les classes populaires se sont majoritairement abstenues lors des élections municipales. Leur mobilisation constitue la tâche prioritaire de la gauche, et des communistes, pour éviter des défaites sociales à venir. L’optimisme né des victoires municipales ne doit pas cacher le risque énorme que l’abstention fait peser sur l’avenir de la gauche.