La crise sanitaire est un révélateur puissant. Elle prouve, s’il en était besoin, que bien que durement affaibli depuis des années, notre système public de santé incarné par l’hôpital public, ses soignants est d’une utilité vitale pour la population. Il faut donc le renforcer.
Sans protection, sans matériel, les personnels soignants, médicaux et non médicaux des hôpitaux, des EHPAD ont fait face avec responsabilité, compétences et créativité.
Malgré le manque d’effectifs et de moyens de protection engendrés par des années d’austérité, les personnes malades, pendant cette pandémie, ont été prises en charge en toute égalité. Les personnels ont, en effet, pris les affaires en main alors même que notre système hospitalier affaibli, déstructuré, manquant de tout depuis de nombreuses années n’était pas le mieux préparé à accueillir des milliers de malades de ce virus inconnu jusqu’alors.
Quelques chiffres pour rappeler combien notre hôpital public est au bord de l’implosion et le maillage de proximité mis à mal :
- Fermeture de 95 hôpitaux publics de 2013 à 2017 ;
- Près de 70000 lits supprimés en 15 ans : de 2003 à 2013 – 46500 lits, de 2013 à 2016 -17500 lits, de 2017 à 2018 - 4172 lits. Ce sont 7 milliards d’euros qui ont été ponctionnés sur le dos des hôpitaux publics ;
- Selon la Direction de la Recherche, des Etudes, de l’Evaluation et des Statistiques (DREES) du ministère des solidarités et de la santé, il faudrait plus de 53% d’infirmier-e-s et observe qu’il manque 30% de médecins à l’hôpital ;
- Un gel des salaires qui perdure depuis 2011 ;
- Le salaire des infirmières en France est au 28ème rang au sein de l’OCDE.
Cette situation percute de plein fouet les aspirations des professionnels à bien faire leur métier et amène souffrance au travail, mal être des soignants ; mécontentement des usagers.
A Nantes, un nouveau lieu au service de la santé
C’est dans ce contexte que la ville de Nantes va se doter d’un nouvel équipement de santé pour remplacer et moderniser l’ancien CHU (qui ne répond plus aux normes en vigueur). La ville, chef-lieu de région, devait se doter d’un nouvel outil de santé ouvert, novateur, aux conditions d’accessibilité renforcés. Le nouvel équipement tel qu’il est pensé devra répondre aux enjeux de la recherche universitaire et de la transmission de celle-ci, mais ce nouveau CHU ne sera pas seulement un pôle d’excellence internationale, il devra, comme l’ont maintes fois rappelé les élus communistes à la ville de Nantes et à la Métropole, être « un pôle de santé de tous les jours, dans la proximité », et c’est là que la centralité du CHU demeure un atout pour répondre aux exigence de la population. Parking, desserte de transport en commun, le CHU, plus gros employeur de la région (12000 personnes) disposera des équipements nécessaires pour répondre aux nouveaux besoins des habitants. Pour les communistes, ce nouveau CHU, comme tous les équipements de santé ne doit pas subir les coupes sombres austéritaires qui n’ont que trop durées. La proximité exige d’abord de répondre aux besoins de santé de la population et donc de maintenir un nombre de lits suffisants, à Nantes comme ailleurs, c’est la santé avant l’austérité !
La santé n’est pas une marchandise !
C’est pourtant cette logique qui dicte la gestion de notre santé publique depuis les ordonnances de Juppé en 96, en passant par la loi de Bachelot en 2004 qui a introduit la tarification à l’activité (T2A) à l’hôpital mettant en concurrence cliniques privées et hôpitaux publics. Les gouvernements successifs n’ont jamais abrogés cette loi si néfaste pour l’hôpital. Ils ont même clairement poursuivis la gestion comptable et se sont éloignés de la conception de notre système de protection sociale et universelle.
Les grands absents du plan « ma santé 2022 », d’Agnès BUZYN qui se veut réformer « un pilier de la République sociale » sont les inégalités sociales et territoriales de santé ou encore les déterminants de santé favorables ou non pour notre santé. La prévention est aussi une grande oubliée de ce plan ou alors on la retrouve sous l’angle d’obligations, d’interdictions et de contraintes individuelles. On néglige de fait la dimension collective de la prévention, pourtant si incontournable ; on l’a vu dans la période que nous venons de traverser. Ce plan prévoit aussi de réduire les capacités d’action de 300 hôpitaux de proximité en leur supprimant par exemple la maternité ou les urgences…
Un Ségur mal engagé
Pendant des mois, « Les héros en blouse blanche » n’ont cessé de manifester, réclamer haut et fort des lits, des emplois, une reconnaissance salariale. Face au silence assourdissant du gouvernement, ils et elles ont poursuivi leurs actions jusqu’à la démission de 1200 responsables médicaux de leurs fonctions administratives.
Le 13 mars dernier, Macron annonce enfin la mise en place « d’un vaste plan d’investissement et de revalorisation des carrières » pour l’hôpital. En même temps, il commandait une note à la Caisse des Dépôts et Consignations (CDC) qui préconisait de favoriser le secteur privé et l’e-santé. Sur le terrain, la loi « ma santé 2022 » se poursuit. Le 1e Ministre articule d’ailleurs la discussion du Ségur avec cette loi. On y voit même de l’indécence dans les propositions de médailles pour les soignants ou de leur présence le 14 juillet sur les Champs-Elysées.
Aujourd’hui, ils ont besoin d’actes et non de communication.
Le 16 juin, exigeons ensemble, un plan massif d’investissement pour la santé et les hôpitaux, avec un déblocage immédiat de 10 milliards d’euros, pour embaucher, former les équipes, augmenter les salaires et rouvrir les lits qui ont été fermés. Un moratoire sur les fermetures d’établissements et de services doit être voté. Un véritable partenariat médecine hospitalière et médecine de ville doit être encouragé afin de développer une politique de prévention et d’éducation à la santé.
Une élaboration démocratique de l’évaluation des besoins et des projets médicaux entre organisations syndicales, élu-e-s, associations citoyennes d’usager-e-s doit être facilitée.
Ensemble pour exiger des actes forts pour l’hôpital !