Le tribunal judiciaire du Havre a invalidé, dans une décision rendu le 7 mai dernier, la réouverture de l’usine Renault à Sandouville (76).

Saisie par la CGT Renault, la justice a reconnu que la décision de la direction de rouvrir le site ne répondait pas aux procédures d’évaluation des risques et de consultation des représentants du personnel prévues par la loi mais également par… des accords d’entreprises signés par la direction. En clair, ni le CSE, ni le CHSCT n’avaient été consultés sur un protocole de reprise de production décidé unilatéralement par la direction du site.

Depuis cette décision, une campagne médiatique infamante est dirigée à l’encontre de la CGT, à qui la direction veut faire porter le chapeau des baisses de salaires pour les ouvriers en CDI et intérimaires. La CFDT, la CFE-CGC et FO ont qualifié la volonté de la CGT de faire respecter le droit « d’irresponsable » mais n’ont néanmoins pas réagi au fond de la décision rendue par le tribunal à savoir que d’une part les élus du personnel n’ont pas été consultés et que d’autre part l’évaluation des risques pesant sur les salariés était insuffisante. Dans la décision du tribunal du Havre, ce sont donc la représentation du personnel et la santé des salariés qui ont primé sur la reprise de la production. Force est de constater que cette logique qui avait emporté l’adhésion de l’ensemble des syndicats chez Amazon ne fonctionne plus chez Renault.

Afin d’appuyer sa volonté d’une réouverture rapide, la direction s’appuie sur la menace du chômage partiel des ouvriers – le site emploie près de 700 intérimaires – pour pointer du doigt la CGT. On croirait presque que les salaires sont versés par un syndicat et que la décision d’avoir massivement recours à une main-d’œuvre externalisée et précarisée tenait de la volonté de la CGT ! La décision de faire primer l’Humain sur le profit doit être saluée et devrait servir de piqûre de rappel à certains « partenaires sociaux » sur les responsabilités de chacun dans un conflit de classe.