Alors que les fonctionnaires sont en première ligne face à l’épidémie de Covid-19, le gouvernement a annoncé le versement de primes. Mal-payés de l’avis d’Emmanuel Macron lui-même, les agents de l’État, de l’hôpital public et des collectivités territoriales n’auront pas droit à de véritables négociations salariales mais à une nouvelle gestion ponctuelle, au cas par cas, de leur rémunérations.

Après avoir annoncé triomphalement une prime de 1000 euros à chaque fonctionnaire engagé dans la lutte face à l’épidémie, le gouvernement a généré un malaise en entretenant le flou autour de son attribution : concrètement, tous les fonctionnaires ne la toucheront pas et le montant exact ne sera pas égal pour tous. L’individualisation des rémunérations est une technique courante du patronat pour esquiver la négociation collective. Qu’elle soit utilisée dans un moment aussi exceptionnel pour « récompenser » les agents et salariés contractuels qui ont permis de maintenir des services publics essentiels à la vie de la Nation est inacceptable pour les fonctionnaires.

Le gouvernement En Marche ! semble découvrir aujourd’hui les vertus de la fonction publique en période de crise. Il n’en a pas toujours été ainsi. En janvier 2020, le secrétaire d’État à la fonction publique, Olivier Dussopt envisageait encore de geler le point d’indice, base du calcul des traitement des fonctionnaires, jusqu’en 2022. En décembre dernier, la fédération CGT des services publics estimait à 18 % en moyenne la perte de pouvoir d’achat d’un fonctionnaire depuis le 1er janvier 2000.

En annonçant des primes distribuées comme des bon points, le gouvernement se moque des hommes et des femmes dont le travail longtemps invisibilisé a été déterminant pour permettre au pays de traverser la crise sanitaire du mieux possible. Ces primes ne sont pas de nature à répondre au manque d’attractivité des métiers de la fonction publique. Dans le public comme dans le privé, le gouvernement doit prendre ses responsabilités en ouvrant de larges négociations salariales.