Depuis son manoir du Croisic où il est confiné, le président du Medef Geoffroy Roux de Bézieux distille à qui veut l’entendre les derniers conseil du patronat en période de crise. Alors que des millions de Français respectent avec discipline les consignes de confinement afin de limiter la propagation du virus Covid-19, le patron des patrons, dans un entretien au Figaro le 11 avril dernier, appelle les entrepreneurs qui le peuvent à reprendre dès maintenant leur activité. Le personnel hospitalier, qui ne cesse d’insister sur le besoin de respecter le confinement afin de ne pas saturer des services de réanimation au bord de la rupture, appréciera.
Les profits avant la santé, la rengaine est connue du côté de la bourgeoisie. Il n’empêche, la durée du confinement inquiète M. Roux de Bézieux, comme tout un chacun. En effet, le ralentissement économique provoqué par la crise sanitaire pose la question : qui va payer les pots cassés ?
Sans surprise, le président du Medef vise les salariés en invitant à se poser la question du temps de travail, des jours fériés et des congés payés. Les travailleurs, après avoir goûté aux joies du chômage partiel et aux congés imposés par l’employeur – deux mesures de la loi d’état d’urgence sanitaire – sont donc appelés par le patronat à subir de nouveaux reculs sociaux pour atténuer les effets de la dernière crise du capitalisme en date.
Geoffroy Roux de Bézieux est dans son rôle lorsqu’il appelle à la destruction des conquêtes sociales tout comme quand il quémande l’aide de l’État pour remettre les capitalistes à flot. Cependant, ses appels au sacrifice des salariés paraîtraient moins grotesques si les entreprises du CAC 40 n’avait pas battu en 2019 un nouveau record de dividendes versés aux actionnaires, si le CICE n’avait pas été évalué comme un cadeau fiscal de plus de 100 milliards d’euro aux grandes entreprises ou si l’ISF n’avait été supprimé. Il se pourrait bien que les travailleurs de ce pays ne réservent quelques surprises au MEDEF une fois la crise sanitaire passée.