Le groupe FNAC-Darty, dont 80 % des salariés étaient au chômage partiel depuis le début du confinement, a entamé des discussions avec les syndicats en vue de la reprise d’activité. En échange du versement des compléments de salaires non-perçus – de l’ordre de 14 % d’un salaire net – , la direction a demandé aux travailleurs d’accepter une réorganisation de leur horaires de travail avec des semaines pouvant compter jusqu’à 43h de travail. Cette modulation du temps de travail est finalement tombée à l’eau, se heurtant à un front syndical uni.

La direction de la FNAC s’était pourtant montrée habile depuis le début de la période de confinement pour jouer sur tous les tableaux. Après avoir mis ses salariés au chômage partiel pour couvrir la fermeture de ses enseignes, l’entreprise avait été la première à bénéficier mi-avril d’un prêt garanti à 70 % par l’État pour un montant total de 500 millions euros. Cette aide publique conséquente n’avait pas pour cible une PME en difficulté financière mais un des premiers groupes de commerce français dont la trésorerie est estimée à plus d’un milliard d’euros selon la CGT-FNAC. 

Autrement dit, le géant de l’électroménager voulait le beurre et l’argent du beurre. L’activité de commerce en ligne de l’enseigne a notamment doublé sur la période mars-avril par rapport à l’an dernier.

Cette situation, si elle est unique par la taille de l’entreprise refusant de verser un complément de salaire, reflète pourtant l’état d’esprit du patronat français à l’heure du déconfinement à venir. Alors que la période de confinement était source d’imagination pour des dirigeants peu scrupuleux qui choisissaient entre maintenir une activité au détriment de la santé des salariés et s’appuyer sur l’argent public afin de comprimer les salaires, le « jour d’après » semble préparer une offensive patronale très dure en termes de salaires, de conditions et de temps de travail. Le MEDEF notamment réfléchit à augmenter le temps de travail en rognant congés, RTT et jours fériés afin de relancer la production coûte que coûte (voir l’édition du 17 avril La lettre électronique des NLA).

En privilégiant le maintien de leurs horaires de travail, les salariés du groupe FNAC-Darty ont fait la démonstration de la volonté d’une majorité de travailleurs à ne pas sacrifier ses droits sociaux, sa santé et son bien-être dans l’effort que demandent les capitalistes pour rétablir le niveau de profits pré-confinement. 

Gageons que face aux offensives patronales, comme à la FNAC, les travailleurs puissent riposter dans l’unité.