Une responsabilité politique

Le premier trimestre 2020 aura vu la propagation du Covid-19 à travers le monde. A chaque pays sa stratégie pour lutter contre le virus.
Le taux de létalité (nombre de décès par rapport au nombre de personnes affectées) du Covid-19 est différent selon les pays : en cause, le développement de ces pays, l’efficience de leur système sanitaire et nombre d’autres données objectives (densité de population, acculturation aux épidémies…), mais aussi les décisions politiques prises par les gouvernements pour anticiper et faire face dans un second temps.

D’un pays à l’autre les décisions gouvernementales ont été diamétralement opposées et les revirements nombreux.
Il y eu la négation, aux États-Unis, en Angleterre et encore aujourd’hui de manière caricaturale au Brésil.
En Europe, l’Allemagne qui a adopté le modèle Sud-Coréen fait figure de bon élève. 
La population confinée depuis le 22 mars est désormais en déconfinement progressif. Dès le premier cas avéré détecté mi-janvier, le gouvernement allemand a opté pour une politique massive de dépistage. Centres hospitaliers, médecins généralistes, systèmes de type « drive »… dépistent à tour de bras, en priorité les malades et toutes les personnes susceptibles d’avoir été en contact avec l’un d’eux. L’Allemagne pratique près de 500 000 tests hebdomadaires et vise les 200 000 par jour. En parallèle, le système sanitaire, parmi les meilleurs au monde, se tient prêt, avec 25 000 lits d’assistance respiratoire, soit 6 lits pour 1 000 habitants, contre 3,1 en France. La détection en amont permet également d’isoler très tôt les personnes diagnostiquées positives, et éviter ainsi la duplication du virus.

Si l’on compare avec la France, on constate que le gouvernement a tardé à réagir, espérant sans doute passer entre les gouttes se sachant impréparé. Pas de tests, pas de masques pour la population et des soignants qui manquent de matériel de protection. Le pays a pris un sérieux retard dans la lutte contre l’épidémie qui a mis a rude épreuve les personnels des centres hospitaliers qui subissaient déjà, depuis de trop nombreuses années, les politiques d’austérités. 

Comment désormais Macron et son gouvernement vont-ils anticiper le déconfinement, protéger la population et relancer l’économie ?

Déconfinement, avec quels moyens

Le discours d’Edouard Philippe relatif au déconfinement était attendu, les Françaises et les Français espéraient des éclaircissements mais sur un grand nombre de points le flou demeure.
Le plan, plus imposé qu’il n’a été débattu à l’assemblée nationale a laissé perplexe nombre d’élus « Le seul fil rouge de ce plan semble de vouloir redonner la patate chaude d’un déconfinement nécessairement très complexe aux élus de terrain, sans leur donner les moyens de le réussir. Le Gouvernement croit-il de cette façon se protéger de la colère légitime des Français face aux multiples injonctions contradictoires qu’ils entendent depuis plusieurs semaines ?» assène l’association des élus communistes et partenaires.

Parmi les principales annonces le Premier ministre a indiqué que le déconfinement ne prendra pas la même forme selon l’état sanitaire des départements. Dans les départements « verts », le déconfinement sera appliqué largement, dans les « rouges », il prendra une forme plus stricte : un déconfinement a géométrie variable qui pourra être adapté aux réalités de terrain par les préfets et les maires. Rien de très concret pour le moment quant aux modalités d’adaptation de ce déconfinement. Le 11 mai, il serait donc à nouveau possible de circuler librement, sans attestation, mais dans un périmètre ne pouvant excéder 100km (sauf pour motif professionnel ou familial). 
A cette même date, crèches, maternelles et écoles élémentaires pourraient rouvrir sur la base du volontariat (???). Pas plus de 15 élèves par classe. Viendraient ensuite les collèges (18 mai) puis les lycées fin mai et les lycées professionnels en juin.
Pour ce qui est de la reprise des activités économiques et du travail, les entreprises sont appelées à maintenir le télétravail autant que possible ou dans le cas contraire à mettre en place des horaires décalés, charge aux entreprises et collectivités d’équiper leurs personnels en masques.
Sur le plan sanitaire, « Il y aura assez de masques dans le pays pour faire face aux besoins » a assuré le Premier ministre, on ne demande qu’à le croire ! 700 000 tests par semaine devraient être réalisés. Les personnes testées positives devront s’isoler soit chez elles avec leur famille ou dans un lieu mis à disposition.

Sur de nombreuses questions et notamment sur la réouverture des écoles ou encore sur l’achat de masques le Premier ministre se repose sur les collectivités locales. « Sous prétexte de laisser des marges de manœuvres aux acteurs locaux, le Premier ministre se décharge de sa responsabilité, notamment sur les maires, alors que ceux-ci n’ont pas les moyens, ni humains, ni financiers, ni techniques, de réussir le déconfinement tant les questions non-tranchées demeurent. Du reste, rien n’a été dit sur les graves effets sociaux de la crise sanitaire, ni sur la nécessité de revaloriser les professions essentielles » remarquent encore les élus communistes.

Pourtant, des pistes de réflexion ont été avancées pour le déconfinement, mais le gouvernement n’a pas consulté les autres forces politiques du pays ni même les organisations syndicales qu’il compte auditionner après le vote du plan. Cette absence de débat a conduit les députés communistes à voter contre le plan, et le flou entretenu a renforcé leur vote. Des propositions les députés communistes en avaient pour amender le texte : ils souhaitaient notamment établir « un droit au masque », l’abandon des mesures d’austérité qui concernent la santé, l’obligation du télétravail partout où cela est possible, la reconnaissance du Covid 19 comme maladie professionnelle pour tous ceux qui y seraient exposés durant leur activité ou encore la reprise du travail validée par les organisations représentatives dans chaque entreprise.
 

Ça bouge localement !

Depuis le début de l’épidémie les collectivités locales s’engagent pour assurer la continuité des services publics locaux, la solidarité, la protection des habitants et des personnels.
A Nantes, la ville fait en sorte de réduire les fractures qui sont exacerbée par l’épidémie. Depuis le début de la crise elle apporte une aide renforcée à l’ensemble des associations engagées sur le terrain auprès des plus démunis (aide alimentaire d’urgence).
Alors que les enfants ne vont plus à l’école et que la charge des repas peut s’avérer plus élevée pour les parents, la mairie a décidé de verser une aide de 100 euros par enfant aux 7 459 familles nantaises qui bénéficient des 3 premières tranches de tarification (sur les 6) pour la cantine scolaire. Cette aide exceptionnelle sera versée via la CAF durant la première quinzaine de mai. Les familles de 40 % des enfants de maternelle et primaire devraient en profiter.
Alors que les mesures de chômage partiel peuvent peser sur les revenus des ménages un dispositif d’aide au paiement des loyers pour les locataires en difficulté a été mis en place. Un million d’euros a été investi, respectivement par Nantes Métropole et le département de Loire-Atlantique pour aider les locataires en difficulté à payer leur loyer. Ce dispositif, simple et rapide, est accessible aux locataires résidents des HLM ou dans le parc privé. 
Alors que le Premier ministre n’a pas clairement annoncé que chaque Français pourra disposer de masques, la ville de Nantes en a commandé 600 000 lavables et réutilisables.

A Rezé, une aide devrait être apportée aux familles soit par le biais du CCAS soit par le biais de la CAF pour compenser le coût supplémentaire du à la déscolarisation des enfants pour les tranches 1 à 3 des quotients familiaux comme cela a été mis en place à Nantes. 
La ville qui se prépare au déconfinement organise le nettoyage et la désinfection des écoles.
Attentifs à leur tissu associatif les élus sont en lien avec les associations sportives, culturelles et de loisirs pour compenser leurs difficultés budgétaires éventuelles.